« Je veux entendre des êtres humains et non des cantatrices! »
Tel était le credo de mon plus éminent professeur de chant, Irmgard Seefried.
Difficile d’imaginer une personnalité à la fois plus percutante et plus spontanée, à l’humour aussi décoiffant, dans le monde parfois un peu guindé de la musique classique !
Irmgard Seefried, après une immense carrière au sein du légendaire Ensemble Mozartien de l’Opéra de Vienne d’après guerre (qui rassemblait, sous la direction de Josef Krips, d’éminents chanteurs tels Elisabeth Schwarzkopf, Sena Jurinac, Anton Dermota, Erich Kunz… auxquels devait bientôt se joindre Dietrich Fischer-Dieskau, et bien d’autres), et dans les hauts lieux du chant lyrique à travers le monde, se consacra à l’enseignement. Mais sans intégrer le cadre trop rigide pour elle de la « Hochschule für Musik », Conservatoire Supérieur de la capitale autrichienne.
C’est dans sa magnifique maison de Grinzing, surplombant Vienne, avec ses grandes baies vitrées « californiennes », comme elle aimait à dire, que l’on venait en pélerinage, se faire gentiment asticoter par la grande dame, dont l’exigence égalait la bonne humeur. Elle animait aussi des stages d’été, au Mozarteum de Salzburg et dans différents pays, où elle était recherchée pour son expertise notamment dans le répertoire du Lied allemand, outre l’opéra mozartien et straussien.
Ayant eu l’immense privilège d’être son élève à Vienne et son assistante lors de masterclasses en Espagne, elle reste, plus de trente ans après sa disparition, une inspiration indélébile, pour la profondeur et l’originalité de sa vision musicale – dont elle faisait profiter autant les pianistes accompagnateurs que les chanteurs. Elle savait dénicher dans le moindre détail d’un motif pianistique, tout comme dans la plus infime variation de la ligne de chant, comment le génie du compositeur avait su se saisir de chaque nuance du texte qui lui avait inspiré le Lied ou la mélodie.
Je m’inscris, en toute modestie, pleinement dans le sillage de son « credo », cité en en-tête de cette présentation de mon travail en tant que professeur de chant.
Le chant comme expression première de l’humain. Le bébé ne babille-t-il pas déjà de la plus mélodieuse manière? Chacun d’entre nous, à travers son jeu avec les sons et le sens, recrée le langage, la vocalité, le chant.
Laisser le timbre et la plénitude de la voix s’éclore en toute spontanéité et liberté, tendre à retrouver ce naturel de l’enfant que la vie peut venir entraver - tout en bâtissant les fondements d’une technique vocale solide, au service du répertoire de prédilection de chaque élève.
Ceci passe par une prise de conscience du souffle et de l’amplitude possible de la respiration, une perception précise et sensible de notre corps chantant, de ses résonances et du soutien qu’il nous offre.
Trouver dans la détente SA voix.
S’ouvrir à la fois à la beauté musicale du chant choisi (sans oublier la partie instrumentale), sa mélodie, son tempo, son rythme, parfois même ses aspérités… et aux images et inflexions du texte, souvent poétique, que l’on chante. Explorer les échos personnels qu’il éveille en nous pour exprimer au plus près et au plus vrai ce qu’il évoque. Interpréter dans la fidélité au compositeur et au poète, et en même temps à soi.
Pour ainsi tendre à dépasser l’éternel débat « prima la musica, o prima le parole » dont l’unique issue possible : la nécessaire fusion des deux, est affirmée avec tant d’esprit dans le dernier opéra de Richard Strauss « Capriccio », considéré comme une sorte de profession de foi en la matière.
Avant toute chose primera toujours pour chacun, quel que soit son niveau, son répertoire, ses ambitions... la joie de chanter !
Image ci-dessus : Fauve - Le Chant
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